C’est bien pour la bonne cause qu’à Bangkok, la rentrée scolaire de la classe de 4 ème A a été retardée de 48 heures ! Notre équipe du Souvenir Français de Thaïlande, a eu le plaisir d’emmener ses vingt jeunes élèves accompagnés de leur professeur d’histoire, M. Thomas Fournel, dans la région de Chanthaburi pour y découvrir les vestiges historiques de l’occupation française du début du XXème siècle.
Une jeunesse heureuse qui représente l’avenir de notre Nation.
Un épisode peu connu de l’histoire commune entre la Thaïlande et la France : une occupation qui dura pourtant 11 ans, d’août 1893 au début de janvier 1905. Un moment donc important pour ces jeunes à qui le Souvenir Français doit transmettre l’histoire de notre Nation.
La ville de Chanthaburi s’étend sur les deux rives de sa rivière.
Chanthaburi se trouve à 300 kilomètres à l’est de Bangkok, dans la direction du Cambodge. Il s’agit d’une des régions agricoles les plus riches du pays, et la route un peu monotone est bordée tout du long de plantations de tapioca, puis d’ananas et enfin de ces grands alignements d’hévéas, porteurs du précieux latex.
Le premier jour de la visite a été consacré au camp Taksin, camp de l’armée thaïlandaise où les sept bâtiments authentiques datant de l’occupation française ont été remarquablement restaurés par la fondation locale ‘Phra Racha Wang Derm’. C’est au milieu de cet ensemble, que nous avons pu essayer de reconstituer la vie quotidienne de nos quelque 300 soldats tout au long d’une interminable occupation et au cours de laquelle pas un seul coup de feu ne fut tiré… Une occupation pacifique où le plus grand danger qui menaçait nos compatriotes était l’ennui, perdus au milieu d’un isolement total et si loin de chez eux.
Dans le camp militaire, devant la statue du Roi Taksin.
Ce corps expéditionnaire français, était constitué en majeure partie de soldats du Régiment Annamite venus de Saïgon et qui vivaient accompagnés de leur familles et de quelques officiers et sous-officiers métropolitains bien esseulés, eux, qui partageaient leur exil.
Bien que cela paraisse étonnant, c’est cette occupation étrangère qui permit à la population de cette belle province de vivre dans la paix. Pourtant les litiges étaient nombreux dans une région où curieusement, les Thaïs n’étaient pas l’ethnie principale : la ville était divisée en plusieurs quartiers bien distincts : ¼ de Thaïs, ¼ de Birmans, ¼ de Chinois et ¼ de Vietnamiens : les Thaïs étaient chez eux, les Birmans exploitaient les mines de pierres précieuses de la région cambodgienne proche de Païlyn, les Chinois faisaient le commerce des gemmes et les Vietnamiens catholiques, fuyant les persécutions, avaient quitté leur Cochinchine natale et s’étaient réfugiés autour de leur église.
Les rues de la vieille ville sont spectaculaires.
Le corps d’occupation français pouvait aussi proposer aux populations locales la science de ses savoirs : le médecin du camp offrait des consultations gratuites tous les matins à tous ceux qui le souhaitaient ; les officiers intervenaient auprès des tribunaux locaux pour faire régner la justice et enfin les soldats français s’interposaient lors des rixes qui opposaient les riches et concurrents propriétaires des marchés chinois.
Devant la cathédrale de Chanthaburi.
La suite de la visite nous conduisit dans le quartier vietnamien, regroupé autour de sa cathédrale, la plus grande de Thaïlande. Le temps d’une photo, puis de nous rendre devant la grotte mariale située juste à côté, où l’on peut voir, sur le sol au milieu d’autres ex-votos, la plaque qui porte les noms des soldats Français et Annamites, morts au cours de cette occupation de 11 ans. Le Souvenir Français devra en faire refaire les peintures qui disparaissent petit à petit sous les vigoureux brossages du marché local voisin.
La deuxième journée fut consacrée à la visite du site militaire situé à l’embouchure de la rivière de Chanthaburi, la ville se trouvant a 30 km à l’intérieur des terres.
Un gros succès bien évidemment pour cette ‘Prison des Cacas de Poulets’, tel qu’est dénommé en langue thaïlandaise, ce qui devait être le bastion muni de ses meurtrières qui gardait l’entrée du camp militaire.
Khuk Khi Kai.
Un peu plus loin, le grand bâtiment rouge, le ‘Teuk Daeng’, casernement français est parfaitement bien restauré. A l’intérieur, on y trouve un énorme canon en fonte, retrouvé par des pêcheurs au fond de la baie, un canon sans doute américain et non pas napoléonien comme le présentent nos amis Thaïlandais.
Le bâtiment rouge, casernement français.
La vue sur l’embouchure de la rivière est superbe.
Après la traversée de l’immense pont Taksin qui surplombe l’estuaire, nous avons pu grimper jusqu’à la batterie de canons qui gardait le point haut de l’embouchure, datée du roi Rama III et qui protégeait la côte des invasions cambodgiennes. Après nous être un peu battus avec les singes qui pullulent en cet endroit, nous avons pu admirer la beauté de ce superbe paysage du haut du grand chedi blanc, construit en l’honneur de la visite du roi Rama V Chulalongkorn, qui y avait promis sa visite une fois l’occupant français déguerpi.
La batterie de canons à gauche et le chedi blanc derrière.
Il était alors temps de rejoindre la capitale. Tout le monde était un peu fatigué par ces deux journées au grand air, mais les chants joyeux des élèves tout au long de notre route du retour nous confirmaient comme cette découverte avait été tout à la fois heureuse et instructive.
Le seul souhait du Souvenir Français de Thaïlande est de pouvoir accompagner le reste des élèves du Lycée dans cette merveilleuse découverte historique, mais nous allons sans doute devoir attendre la fin de l’alerte médicale actuelle qui pour le moment interdit tout déplacement.
François Doré.
Le Souvenir Français de Thaïlande.
A NOUS LE SOUVENIR A EUX L’IMMORTALITÉ