A Chanthaburi,
L’inauguration du Musée historique du camp militaire Taksin. Un grand moment dans l’amitié historique franco-thaïlandaise.
En ce début d’après-midi du 27 avril, la chaleur était écrasante dans l’allée centrale du camp Taksin de Chanthaburi. Les ventilateurs installés dans deux grandes tentes de toile avaient du mal à rafraîchir les quelque deux cents invités de l’amiral Prachet Siridej.
Vue générale du Camp Taksin. Les bâtiments restaurés sont à droite.
Un soleil impitoyable et le ciel sans un nuage saluaient une explosion de couleurs : les grappes jaunes des cytises en fleurs accompagnaient de leur cascade les drapeaux aux couleurs royales, et aux masses mousseuses des bougainvilliers pourpres, répondaient les drapeaux mauves, faiblement agités par un léger vent venu de la mer proche, et qui célébraient leur Princesse.
Sous la tente, une seule couleur : le blanc immaculé des grands uniformes des officiers de la Marine Thaïlandaise, menés par leur chef, l’amiral Na Areenij.
Seules les fourragères dorées et les gardes ciselées des sabres d’apparat rappelaient les couleurs de leur souverain.
Le bruit assourdissant des moteurs, fit lever toutes les têtes vers le ciel, d’où descendaient les trois hélicoptères du convoi royal de la Princesse Sirindhorn.
L’hymne princier, exécuté par un pittoresque orchestre de jeunes musiciens eux aussi habillés de blanc mais coiffés d’une étonnante casquette haute, surmontée d’un plumet bleu-roi, accueillit l’arrivée de la Princesse, saluée par la révérence silencieuse de toute l’assistance.
La France était dignement représentée par le lieutenant de réserve Edouard Beaudeux, délégué du Club Militaire de Réserve pour l’Ambassade, Frédéric Favre et son équipe, pour le comité de solidarité Franco-Thaïe et enfin les représentants du Souvenir Français de Thaïlande, notre délégué général François Doré et le président de notre comité de Phuket, Christian Chevrier.
De gauche à droite : Ch. Chevrier, kh. Julalak, F. Favre, F. Doré, E. Beaudeux.
Après le discours d’accueil de l’Amiral, la Princesse remit gracieusement à chacun des invités de marque, en souvenir de cette belle journée, la maquette historique d’un canon sur affût.
C‘est ensuite qu’elle se rendit vers le premier des sept bâtiments construits autre fois par les troupes françaises, derniers vestiges de leur camp de Ban Loum qu’ils avaient occupé pendant plus de 11 ans.
Ces bâtiments ont été soigneusement restaurés grâce aux efforts de la fondation Phra Racha Wang Derm de la Marine Royale thaïlandaise, de l’Ambassade de France et du Comité de solidarité Franco-Thaï.
Le bâtiment de la garde, daté de 1896.
La Princesse, après avoir coupé le ruban inaugural, put ainsi découvrir successivement ces bâtiments qui abritaient autrefois les bureaux de l’état-major, daté de 1900, le bâtiment de la garde, daté lui de 1896, l’infirmerie, le dépôt d’artillerie, l’arsenal, les casernements et puis aussi ce long bâtiment aux portes et fenêtres munies de barreaux de fer, la prison.
La prison du camp et ses fenêtres aux barreaux de fer.
L’arsenal et le dépôt de munitions.
Les casernements.
Le bâtiment de l’Etat-Major, daté de 1900.
Exposition de maquettes et de documents historiques.
A gauche, uniforme colonial français de 1900.
A droite, le lieutenant Beaudeux, représentant l’ambassade de France.
Des tuiles d’origine retrouvées, marquées encore de l’estampille de leur fabricant marseillais, la maison Guichard Carvin, ont permis de pouvoir faire refaire les toitures de certains de ces bâtiments à l’identique.
A l’intérieur sont présentés, comme autant de chapitres successifs, les grands moments de cette histoire moderne qui a réuni les Français et les Siamois d’alors, à travers la présentation d’objets, de lettres, de maquettes et de deux mannequins, revêtus des uniformes des belligérants de l’époque.
Le Musée, bien que situé à l’intérieur du camp militaire qui abrite un bataillon de la division des Marines thaïlandais, sera ouvert au public.
A un moment où malheureusement les moments partagés entre les représentants de la Communauté Européenne et ceux du Royaume de Thaïlande ne sont pas si fréquents, nous ne pouvons que remercier ici les organisateurs de cette belle journée qui nous ont démontré que ces moments historiques, qui ont pu, à une époque lointaine diviser nos deux Nations, sont devenus, par la grâce de ces vestiges conservés et entretenus, un centre où seront rassemblés pour toujours le patrimoine de nos deux Nations et le souvenir de leurs héroïques soldats.
Pour les Français qui effectueront le pèlerinage vers ce territoire qui porte un peu de leur histoire, leur visite ne devra pas oublier la majestueuse cathédrale de l’Immaculée Conception datée de 1909, édifiée pendant l’occupation française et de se recueillir un moment devant la grotte mariale datée de 1967 où a été déposée une plaque de marbre gravée à la mémoire des militaires français et annamites, morts pendant les 11 ans de notre occupation.
La grotte mariale, datée de 1967.
La cathédrale. La plaque souvenir des Français morts à Chantobon.
La plaque en souvenir du père Peyrical.
Y figure également la plaque gravée en souvenir du Père Augustin Peyrical des Missions Étrangères de Paris, nommé curé de Chanthaburi en 1899 et qui avait entrepris les travaux de construction de la nouvelle église en 1901.
François Doré
Le Souvenir Français de Thaïlande.
Quelques vues anciennes et les mêmes endroits aujourd’hui
L’Illustration 18 octobre 1902. Vue générale du camp Taksin.
Bangkok Post 28 juin 2009. L’état-major.
Bangkok Post 28 juin 2009. La poudrerie.
L’Illustration 04 février 1899. Le poste de garde. 1896.