Les aviateurs rebelles de l’Indochine

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2/ Pierre POUYADE : du Fleuve Rouge au Niémen.

Pierre Pouyade en Russie. (internet).

Encore un destin exceptionnel pour cet aviateur qui combattra pour son pays, en France, puis en Indochine et enfin en Russie.

Reçu à Saint-Cyr en 1930, il choisit l’aviation et est breveté pilote en 1934. Après Chartres, il est affecté à Reims où la Campagne de France le verra chef d’une escadrille de chasse de nuit.

Il sera envoyé en février 1941 en Indochine où il va prendre le commandement de l’escadrille 2/595 à Tong, au Tonkin. Escadrille équipée du seul chasseur moderne de l’aviation militaire indochinoise, des Morane 406. Rare pilote chevronné, il n’a que 30 ans.

La base de Tong (internet)

Mais bien vite, les missions qui lui sont fixées, protéger le Tonkin des attaques chinoises en s’alliant aux forces japonaises, lutter contre l’aviation américaine basée à Kunming qui elle s’attaque aux infrastructures japonaises et ce avec des matériels obsolètes, et par dessus tout, la lâcheté de son Etat-major dont la collaboration est de plus en plus marquée, tout cela va l’amener à vouloir quitter l’Indochine. Mais au fond de lui-même, il y a surtout son désir de combattre les ennemis qui ont envahi son pays et pour cela le seul moyen de lutter et de faire son devoir de soldat, est de rejoindre l’Europe.

Depuis les aéroports français du Tonkin, la frontière chinoise est proche ; parfois, deux heures pour la frontière et peut-être une heure de plus pour rejoindre Kunming où se trouve la Mission Militaire française de Chine.

Pierre Pouyade prévoit de s’envoler vers la Chine à bord d’un vieux Potez 25, accompagné de son camarade, l’adjudant-chef pilote Adrien Bernavon. Mais ce dernier ne peut arriver à temps au rendez-vous (Ehrengart, 2003, p.23).

Le 1er octobre 1942, l’amiral Decoux accompagné du cdt Ducoroy, se trouve sur la place du théâtre à Hanoï. On peut en lire dans l’hebdomadaire Indochine Hebdomadaire Illustré le compte-rendu : « A 18h40, une grandiose manifestation populaire groupe place du Théâtre, sous le portrait du Maréchal, plus de 60.000 personnes dont 12.000 jeunes, autour de l’Amiral Decoux, qui entonnent en chœur l’hymne Maréchal, nous voilà… ».

Ce même jour, Pouyade vient d’atterrir en fin de mission à Hanoï. Et c’est le lendemain, qu’il décollera seul le matin du 2 octobre 1942, depuis l’aérodrome de Bach Maï, sur son vieux Potez no 115. Deux heures plus tard, il sera signalé au-dessus de la ville frontière de Lao Kay et c’est à court de carburant qu’il arrivera à se poser plus au nord sur la piste de la petite ville chinoise de Mong-Tzeu.

Potez 25. (internet).

Là il est recueilli par un détachement américain et pourra ensuite rejoindre Kunming où se trouvent des membres de la Mission Militaire Française en Chine, qui elle est installée à Choung-King.

Avec l’aide des Américains, Pierre Pouyade pourra rejoindre Londres après un voyage retour de plusieurs mois, qui l’emmènera de Kunming à Calcutta, puis en Afrique, puis aux États-Unis. Il pourra alors retraverser l’Atlantique pour arriver en Angleterre en février 1943.

Le général de Gaulle souhaitait alors que la France Libre soit sur tous les fronts, aussi Pouyade va-t-il être envoyé sur le front soviétique, ‘rejoindre le régiment d’aviation de chasse français ‘Normandie’ que commandait un de ses camarades de ‘promo’ à St Cyr, le commandant Tulasne’. (Poujade, 1997, p.173). A la disparition de son camarade en juillet 1943, Pouyade prendra le commandement du groupe jusqu’à la fin de 1944.

Le site Wikipedia décrit la suite de sa carrière : de retour en France, il sera successivement attaché de l’air, puis attaché militaire en Argentine. De 1953 à 1956 il est à l’OTAN, puis nommé général de brigade, il travaillera jusqu’en 1966 dans l’industrie aéronautique. Enfin à partir de 1966, il se consacrera à une carrière politique qui le verra député UDR puis sénateur.

Né le 25 juin 1911 à Cerisiers dans l’Yonne, Pierre Pouyade est décédé le 5 septembre 1979 à Bandol dans le Var.

P.S. Nous rappelons ici qu’avant Pierre Pouyade, un autre aviateur, Robert Barbier avait déjà quitté l’Indochine en juillet 1941 à bord d’un même Potez 25. Nous avons raconté son exploit dans un article précédent.

François Doré
Le Souvenir Français de Thaïlande

 

 

Index des ouvrages cités :

– EHRENGARDT Christian-Jacques : ‘Ciel de feu en Indochine. 1939-1945’. Aéro-Journal, no 29. Février-mars 2003.

– POUJADE René : ‘Cours martiales Indochine 1940-1945’. Paris, La Bruyère, 1997.

A NOUS LE SOUVENIR                A EUX L’IMMORTALITÉ

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