Les premiers décès sont enregistrés en 1893. C’est l’année de l’incident de Paknam, qui vit trois navires français forcer les barrages de l’estuaire de la Chao Phaya et venir jeter l’ancre devant la Légation française, le 13 juillet. A la suite de cet incident et pour obliger le gouvernement royal à accepter les conditions d’un traité de paix présenté par la France, une force navale, venue de Saïgon, s’installa dans le golfe de Siam et interdit, par un blocus sévère, tout accès vers la capitale.
C’est au cours de ce blocus, que l’on va trouver les deux premiers décès de marins français :
1/ Louis, Marie, HENRY :
Il décède le 7 août 1893 à bord du vaisseau ‘La Triomphante’, alors que le navire se trouve à poste devant l’île de Ko Si Chang, où se trouve d’ailleurs une des villégiatures du roi Rama V Chulalongkorn.
Nous ne connaissons pas la raison de son décès, mais le registre du père Colombet nous apprend qu’il sera d’abord inhumé sur le littoral et que sa dépouille mortelle sera rapatriée plus tard, le 27 janvier 1894, à bord de la canonnière ‘Aspic’, pour être inhumée dans le cimetière de Silom. Il avait sans doute fallu attendre que le blocus soit levé et la situation politique apaisée.
Louis Henry était né le 02 novembre 1870 à Lanmodez dans les Côtes du Nord, (aujourd’hui Côtes d’Armor).
Il s’était engagé en novembre 1886, à l’âge de 16 ans à Brest. Il sera successivement matelot de 2ème classe, puis de 1ère classe et enfin gabier breveté de 1ère classe.
Il avait 23 ans.
2/ Dr. Jean-Baptiste, Henry, COMTE LAGAUTERIE :
Il est officier médecin de 2ème classe de la Marine, embarqué à bord de la canonnière française ‘Le Lion’.
Il décède de maladie le 21 août 1893 à 9 heures du soir, malgré les soins du docteur Deuntzer de Bangkok.
Jean-Baptiste, Henry COMTE-LAGAUTERIE, était né le 29 octobre 1858 à St Paul de Lizonne en Dordogne.
Il avait été reçu à son doctorat de médecine à Bordeaux en 1888.
Spécialiste de médecine tropicale, il était notamment l’auteur d’une « Étude sur une épidémie de dengue en Nouvelle-Calédonie en 1884-1887 », publiée à Bordeaux en 1887.
Il avait 35 ans.
3/ Edmond, Marie, HELOURY :
Il décède le 28 août 1894 à bord de la canonnière française ‘La Vipère’ où il était canonnier breveté.
Edmond Héloury était né le 12 septembre 1876 à Plouézec, dans les Côtes du Nord.
Il avait 21 ans.
4/ Louis LE TERTRE :
Pour ce jeune marin de la canonnière ‘Le Pluvier’, nous n’avons pour le moment que peu d’informations.
Nous savons qu’il était né en 1872 et qu’il était décédé à bord le 10 août 1895.
La mention de son décès se retrouve dans le journal du ‘Jeune diplomate au Siam’ de Philippe Marchat, qui à la date du 10 août 1895, écrit : « Un marin du Pluvier, poitrinaire, est mort hier soir, dans la nuit. Pauvres marins, si à l’étroit sur leurs bateaux, privés de toute douceur. Chaque canonnière laisse quelqu’un ici… ».
Il avait 23 ans.
La canonnière le Pluvier.
5/ Augustin, Julien, François, Jean TREGUY :
Son décès est enregistré au Consulat de Bangkok le matin du 12 juillet 1895.
Il était second-maître à bord de la canonnière ‘La Vipère’.
Augustin Tréguy était né le 6 février 1862 à Ploubalay, dans les Côtes du Nord où son père exerçait la profession de tailleur.
Il laisse en Bretagne une veuve, Marie-Anne née Briand.
Il avait 32 ans.
En 1923, le croiseur cuirassé ‘Victor Hugo’ termine sa dernière mission en Extrême-Orient, avant de rejoindre Toulon où il sera détruit. Après la Chine et l’Indochine, il remonte lentement vers l’Europe. Le mois de mai le voit au mouillage à l’entrée de la Ménam. Sa grande taille l’empêche de franchir la barre qui bloque l’entrée vers Bangkok.
Le ‘Victor Hugo’.
Et c’est au cours de cette escale, que deux marins français vont mourir. Nous ne connaissons pas les circonstances de leurs décès :
7/ Julien LE DOUAIRON :
Julien était né le 30 septembre 1902 à Trélazé, dans le canton d’Angers (Maine et Loire).
Son père, Yves le Douairon, qui était né en 1878 à Bubry, dans le Morbihan, va mourir pour la France le 13 mai 1916, au cours des combats de Cuperly, en Haute Marne.
A 17 ans, Julien sera adopté par la Nation, le 06 novembre 1919.
Il est décédé le 13 mai 1923 à bord du ‘Victor Hugo’ et sera inhumé deux jours plus tard dans le cimetière de Silom.
Il avait 20 ans.
8/ Yves BELLEC :
C’est seulement trois jours plus tard, le 16 mai 1923, qu’Yves Bellec, maître-mécanicien à bord du ‘Victor Hugo’, décède à son tour.
Il était né le 21 septembre 1881 à Lanvéoc (Finistère), était marié et avait deux enfants.
Une messe à sa mémoire a été célébrée le 30 mai 1923 à Brest.
Il avait 42 ans. C’est le seul dont nous ayons une photo.
Yves Bellec. (@geneanet)
9/ Marcel, Paul, Antoine, HENRY :
Nous avons gardé pour la fin, le dossier du jeune Marcel Henri, le seul qui ne soit pas marin. C’est la recherche de sa tombe qui nous a permis de retrouver la trace des marins énumérés ci-dessus.
Marcel Henry est un des 11 Français, résidents du Siam, ayant répondu à l’appel de la mobilisation générale et qui sont morts pendant la Première Guerre mondiale.
Son nom figure sur le monument commémoratif de l’Ambassade de Bangkok.
Marcel Henry était le fils du directeur de la Banque de l’Indochine au Siam, Louis Henry.
Il était né le 2 novembre 1895 à Saïgon.
Parti dès octobre 1914, à 19 ans, pour la métropole, il sera versé au 8ème Régiment d’Infanterie Coloniale à Toulon.
En 1915, nommé caporal, il est envoyé au front de Champagne. Il sera gazé à la Main de Massiges, lieu de terribles combats au mois de novembre.
Ayant rejoint son régiment en 1916, il passe l’hiver 1916-1917 en Serbie. Rentré en France en 1917, il sera de nouveau hospitalisé. Atteint de laryngite tuberculeuse, il est réformé en juillet 1918.
Il retournera vers ses parents à Bangkok peu après. Mais il succombera le 12 octobre 1920.
Il sera inhumé au cimetière catholique de Silom, accompagné de la communauté française.
Marcel Henry sera déclaré ‘mort pour la France’.
Il avait 25 ans.
Les photos des tombes dans l’ancien cimetière de Silom telles qu’elles étaient au moment du déménagement. (@ archives de l’Assomption).
François Doré.
Le Souvenir Français de Thaïlande.
P.S. Avec nos remerciements à M. Gérard Faure du Souvenir Français pour toute son aide amicale dans nos recherches généalogiques et au Prof. Puttipong du service des archives de l’Assomption.
A NOUS LE SOUVENIR A EUX L’IMMORTALITÉ